Anaïs Laborde

Elle s’appelle Anaïs Laborde, elle a trente ans et vit à Beaune avec Etienne. Elle exerce le métier de commerciale pour des producteurs vinicoles de la Bourgogne.

Après lecture des différents portraits que j’ai pu réaliser, Anaïs m’a contacté pour que je réalise celui de ses parents fermiers ; elle avait envie de les mettre en avant. Je ne refuse jamais aucune rencontre proposée. Elle a ensuite pris contact avec eux pour les inviter à participer à ce projet. Ils ont décliné son offre, pudeur oblige. Je lui ai proposé de participer à titre personnel et elle en a été très étonnée, pour finalement accepter.

Un mercredi soir j’ai rencontré une jeune femme dynamique, souriante, généreuse et résolument moderne ; elle m’a accueilli en toute simplicité dans son appartement. Beaucoup de détermination chez elle, des ambitions a priori modestes, mais qui gère sa vie comme une chef d’entreprise. Quand je lui ai parlé de ses rêves, elle a traduit cela par « objectifs », … j’ai pointé du doigt cet aspect des choses pour le moins surprenant, nous avons beaucoup ri, elle m’a dit avoir besoin de tout contrôler …

Mais au-delà des mots, son portrait en témoignera, Anaïs est une personne pleine de sensibilité, attachée à ses racines, ses amies, sa famille, son amoureux,… avec la conscience aiguë que la vie peut être belle, mais qu’il faut y travailler pour en maintenir le cap. Une fille intelligente qui conduit sa vie comme un capitaine de bateau.

Une rencontre, comme un voyage, …

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« J’aime rire et faire rire les autres. J’adore prendre des accents ou des voix complètement à l’opposé de ce que je suis et jouer des rôles. J’ai du caractère, mais je n’ai pas mauvais caractère, ça c’est moi qui le dis, quand on me le demande. Les autres me définissent avec un caractère bien trempé ; je sais où je veux aller, ce que je veux, au point d’être impatiente. Tout devrait être et/ou arriver quand je l’ai décidé. Mais cet acier trempé sait aussi s’adoucir à force de réflexion. Ce qui fait de ce caractère a priori dur, un caractère réfléchi qui ne cesse de vouloir avancer tout en cohérence avec le bonheur des siens. »

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Anaïs avec sa maman

« Petite j’étais celle qu’on entendait de loin, je l’avais toujours ouverte et ça n’a pas changé. On allait très peu à Chalon quand j’étais petite, c’était « la ville ». Mais un jour je me souviens, je tenais la main de ma mère, et je disais bonjour à tous les gens que je croisais : « Bonjour, Bonjour, Bonjour ». Ma mère m’a demandé (j’avais entre quatre et cinq ans à l’époque): «Tu les connais?». Je lui ai répondu que non, mais que je ne comprenais pas pourquoi personne ne me répondait. Je crois que déjà à cette époque j’avais envie d’aller vers les autres, je n’étais pas timide et j’aimais parler avec les gens.

Mes parents sont mariés depuis quarante ans cette année. On va bientôt fêter leur anniversaire de mariage. Je suis très fière de le dire quand on me le demande. Je ne les imagine pas l’un sans l’autre. Mon père, Dominique, est un éternel optimiste et quand on est éleveur laitier, il faut l’être. Toujours là pour me faire « enrager » comme il dit. Mais pour moi un modèle de courage et de détermination. Je suis très fier d’être sa fille. Ma maman,  Martine, c’est ma fenêtre sur le monde. Elle m’a transmis sa curiosité et son ouverture d’esprit, son pragmatisme et aussi le goût des bonnes choses, avec un talent de cuisinière indéniable. Elle m’a toujours dit, on ne fait pas les enfants pour soi. Je crois qu’elle a tout compris, car effectivement j’ai toujours eu ce sentiment de faire mes propres choix. Je lui serais toujours reconnaissante des valeurs qu’elle m’a données, le chemin sur lequel elle m’a accompagné et m’accompagne encore. Avec mon grand frère Aurélien, nous avons huit ans d’écart,  on n’a pas vraiment grandi ensemble;  on sait qui on est l’un pour l’autre, même si on ne rentre jamais dans les confidences tous les deux ; il est mon frère je suis sa sœur.

On ne se dit pas je t’aime chez nous, mais c’est autre chose… »

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« Je n’ai jamais aimé la notion de meilleure amie, alors je dirais que je n’ai pas vraiment de meilleure amie ; j’ai des copines, des copains et j’ai des amis, parfois des copines deviennent des amies et parfois l’inverse. Mes amies, mes piliers, alias mes « Cachons » (à dire avec l’accent québécois c’est tellement plus drôle) sont Leelou, Emma (la Queen) et Anne So.

Je connais Leelou depuis l’école primaire, presque vingt-cinq ans d’amitié ; j’ai dû être subjuguér par sa tignasse de rouquine étant petite car je n’ai jamais réussi à me fâcher avec elle. On s’est beaucoup soutenue toutes les deux. On ne s’est jamais rien promis, mais on sait qu’on sera toujours là, l’une pour l’autre,  quoi qu’il arrive. C’est fort nous deux.

Emma, c’est un peu comme un missile arrivé de nulle part. On s’est connues par le biais de mon ancien job, elle était guide à l’époque, son charisme m’a interpelé, et son rire aussi. Puis on s’est revue, on a bu quelques verres en terrasses et de là est née une belle amitié. C’est elle qui m’a appris qu’AIMER c’est devenir libre. Ma maman avait déjà œuvré en ce sens, mais Emma a fini le boulot. C’est une amie qui a souvent raison (elle va rire en lisant ça) et pour ça je ne peux que lui dire merci.

Anne So, peut-être la moins présente, mais aussi la plus mystérieuse. Celle que tu penses fragile en la voyant la première fois mais que tu ne verras jamais pleurer. Celle pour qui boire un coup en terrasse, revient à organiser son planning sur trois semaines. Un sacré petit bout de femme, terroriste de l’amour à ses heures perdues. Et surtout une chouette petite bulle d’air qu’on a mis sur ma route. »

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« Etienne, mon compagnon, c’est ma force tranquille. Il m’apprend la patience. Je le connais depuis le collège et déjà je l’aimais bien à l’époque. Puis la vie a fait que nos chemins se sont recroisés un jour. On était prêt pour se retrouver. Pour moi la vie de couple c’est savoir être un tout en étant à deux. Savoir respecter l’univers et l’identité de chacun. Accepter le caractère de l’autre sans essayer de le changer. Suivre les évolutions mais pas les provoquer. Et surtout essayer d’avancer ENSEMBLE.

Etienne est photographe et voyage souvent en Afrique de l’ouest, son métier c’est aussi sa passion et vivre de sa passion aujourd’hui c’est plutôt rare. Quand je l’ai revu c’est ce qui m’a plus chez lui, la passion qui l’animait quand il parlait de ses voyages et de la photo. Il m’a ouvert les yeux sur deux mondes que je ne connaissais pas, le sien et celui de l’Afrique. »

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« Ce collier est Touareg ; c’est Etienne qui l’a fait faire au pays. C’est un collier qu’on offre à sa promise. J’ai été très touché par cette symbolique et je le porte quand j’ai besoin de sentir sa présence. »

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« C’était le 25 décembre au matin et ça faisait quatre mois que nous étions ensemble. Etienne partait quatre jours plus tard, pour quatre mois et demi en Afrique de l’ouest; quand il m’a offert cette photo, j’ai été prise par l’émotion qu’elle dégage, le message qu’elle m’envoyait. »

« Je suis commerciale dans le vin.  C’est devenu une passion au fils des années. C’est pendant mon voyage en Nouvelle-Zélande que j’ai compris que c’était ça que je voulais faire ; mon grand-père était viticulteur, j’avais envie de continuer le chemin. C’est un métier qui se démocratise de plus en plus pour les femmes, même si parfois, il faut savoir s’imposer. J’aime les rapports humains de ce secteur d’activité, où on devient copain avec les viticulteurs, où on te reconnaît pour tes valeurs et pour ton travail. »

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« Je gère ma solitude et mes coups de blues avec les amis qui sont présents, les soirées conviviales organisées à la maison, un bon canon et un bon frometon ! Sinon je chausse mes baskets et je pars marcher ou courir dans les vignes. Je suis un peu comme la nature, j’ai horreur du vide, alors je comble par un millier de choses à faire. »

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« Je me suis remise au dessin il y a un peu moins d’un an. J’adorais ça étant plus jeune. Puis mon parcours scolaire a fait que les choses se sont écourtées. Mais en janvier dernier, c’est en écoutant l’album de Jain, que l’envie de dessiner m’est revenue. Ni une ni deux, j’ai été à la papeterie acheter des feutres, de la peinture et j’ai attaqué le soir même.

J’aime aussi beaucoup la photo et j’ai la chance d’avoir été gâtée pour mes trente ans par les copains, alors je me promène souvent avec mon appareil. J’ai déjà fait quelques séries, il faudrait juste que je les sorte sur papier à présent. »

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« Pour mon voyage en Nouvelle-Zélande, j’ai appris ce que c’était d’être un étranger, d’être l’expatriée. J’ai appris la vie dans un pays où tu ne comprends pas la langue, en tout cas au début. J’ai rapporté de ce voyage des souvenirs dans ma tête, de chouettes moments, de belles amitiés et de l’expérience, sinon pas grand-chose matériellement parlant. Sauf ces quatre cailloux ramassés au Lac de TE ANAU dans le Sud-Ouest de l’île du Sud. C’est un peu de là-bas, que j’ai rapporté avec moi. »

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« J’accumule les bijoux qui n’ont pas une grande valeur avec plein de zéros derrière. Ils sont souvent liés à des gens, des lieux ou des périodes de ma vie. La seule valeur qu’ils ont est plutôt sentimentale. »

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« Je cuisine tous les jours ou presque. J’ai un boulot très prenant, je suis souvent au restaurant le midi ou souvent en déplacement. Mais j’essaie toujours de m’organiser pour pouvoir préparer à manger, pour les repas pris à la maison avec mon amoureux ou avec les amis. J’ai toujours de quoi faire à manger, simplement avec de bons produits. Les courses, on les fait le Dimanche matin au marché, on évite au max les grandes surfaces. J’aime manger local, et faire confiance à nos producteurs locaux. On a la chance d’avoir des produits de la ferme de mes parents, ce qui rend les choses plus faciles et plus saines aussi. »

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« Qu’on arrête de taper sur les agriculteurs en permanence. Le monde agricole va mal et il serait temps de se réveiller et de prendre conscience des choses : acheter en circuit court,  favoriser les produits qui poussent autour de chez nous. Je ne suis pas une fervente du bio. Je pense qu’une agriculture raisonnée et raisonnable peut déjà limiter les dégâts et surtout une petite éducation du consommateur aiderait nos agriculteurs à mieux vivre. La crise du lait, que j’ai suivi de près par le biais de ma famille, est, je pense un des sujets sur lesquels en soirée je ne me fais pas que des copains. »

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« Quand tu m’as posé la question des rêves que je pouvais avoir, j’ai transformé ça en objectifs; ca fait très business de dire ça, mais ça t’a fait sourire. Mes rêves seraient d’avoir un chien, un Scénic et une maison phénix (sourire) … Non, plus sérieusement, je crois ne m’être jamais vraiment posé la question. Je voulais être chorégraphe quand j’étais petite.  

Aujourd’hui, j’aime la vie dans laquelle je suis, j’aime celui avec qui je la partage, et je pense qu’on est parti pour faire un bon petit bout de chemin ensemble. Alors mon rêve serait que les choses continuent comme ça. »

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« L’actualité me fait peur, disons plutôt que l’instrumentalisation de l’actualité m’inquiète. Ce qui se passe dans le monde me fait me dire qu’il va falloir être de sacrément bons parents pour armer nos gamins avec ce qui les attend ; les rendre curieux de tout,  surtout leur expliquer que le Monde de BFM TV n’est pas la réalité, leurs ouvrir les yeux et l’esprit, leur donner des ailes pour voyager et des racines pour ne jamais oublier d’où ils viennent. »

6 Comments

  1. Voici une femme qui dégage de l’énergie!…..c’est directement ce que je pense après avoir lu ton portrait Anaïs. Tu as des valeurs et des convictions qui sont toutes à ton honneur. Ça aurai vraiment été dommage que tu ne participe pas à ce projet. Encore une fois Hanicka, merci de nous faire partager tes rencontres.

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  2. Effectuvement comme quelqu’un le disait plus haut, on sent toute l’énergie du personnage, elle est belle. Manger local, avoir des bijoux qui sont de bons souvenirs plutôt que des bijoux de prix. J’aime bien ce qu’elle a comme valeurs.

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